Alors que la consommation de masse atteint des sommets de plus en plus élevés, plusieurs initiatives prennent place pour réduire la quantité de déchets produite. Au désir de consommer, on veut substituer la nécessité de consommer; on véhicule une consommation par besoin et non par désir. On prône une recherche de biens rentables, non à cause de leur prix qui permet d’en acheter un nombre incalculable, mais par leur durabilité. Le meilleur exemple de cet idéal est la consommation de biens de seconde main ou de produits issus de la réutilisation d’objets. La revalorisation des biens usagés est un des éléments clés de la lutte contre la surconsommation, élément qui sera analysé plus en détail dans les lignes qui suivent.
Une mode écologique
La mode est, dans le cas présent, un couteau à double tranchant. Autant, d’une part, elle est le moteur de la ribambelle de tendances qui s’enchaînent à toute vitesse et entraînent des achats massifs de produits en tout genre chez les consommateurs. Autant, d’une autre part, elle est la responsable de l’engouement pour le vintage qui accroît l’achalandage des friperies, bazars, antiquaires et autres. Ce renouvellement de l’intérêt pour les biens usagés ne peut être que bénéfique tant pour l’environnement que pour l’économie. Sur le plan environnemental, on met en application la fameuse règle des trois R enseignée dès l’école primaire: réduire, réutiliser et recycler. En consommant des biens ayant déjà servi, non seulement on applique le deuxième concept du principe, mais aussi le premier. En étirant la durée d’utilisation d’un maximum de biens, on réduit la quantité de déchets en redonnant une seconde vie aux biens dont on se débarrasserait sinon. De plus, en se procurant des biens ayant déjà servi et dont la rentabilité a fait ses preuves, on permet une réduction de la consommation de biens non-durables dû à leur piètre qualité. Une diminution de l’achat de ces biens entraîne une baisse de leur demande et donc une baisse de leur offre et de leur production, puisque ce n’est plus profitable pour les industries d’en produire autant. Bref, dans tous les cas, un changement dans les habitudes de consommation, le passage d’un achat d’un bien non-durable à celui d’un bien durable, ne peut que profiter à la situation environnementale précaire actuelle.
Solution financière quotidienne
Réutiliser des biens déjà produits a non seulement un impact positif sur l’environnement, mais aussi sur l’économie. D’abord, l’achat de biens déjà utilisés auparavant est profitable pour vos finances personnelles. En vous procurant des articles usagés en bon état, vous savez que vous achetez de la qualité, contrairement aux produits souvent bon marché vendus dans les grandes surfaces. De cette manière, bien que le produit revalorisé, soit le bien que l’on a remis au goût du jour, coûte plus cher à l’achat, il est davantage rentable que le produit tout juste manufacturé, dû à la durée d’usage et d’utilité de l’article. En effet, il ne faut pas négliger le facteur du temps lorsque l’on achète un bien quelconque. Acheter quelque chose de plus cher une fois sachant qu’il durera longtemps est plus avantageux qu’acheter un objet moins cher, mais que l’on devra acheter plusieurs fois dû à sa piètre qualité. Le bien plus cher au moment de l’achat finit par être celui qui est le plus abordable au bout du compte. De plus, en farfouillant dans les bazars et les friperies, il est possible de découvrir de véritables aubaines qui sont moins chers que les produits offerts par les récentes industries. Par la suite, il suffit de les travailler un tout petit peu si on les trouve défraîchis. Peu importe le cas, on se retrouve à faire des économies qui ne sont pas négligeables; selon une étude menée par des chercheurs de l’UQAM commanditée par Kijiji, ce serait des économies d’environ 1150 dollars par année (Ducas, 2015, paragr. 12).
Faire tourner l’économie d’ici
Certes, le commerce de biens usagés est bénéfique aux portefeuilles des consommateurs qui se voient réaliser de véritables économies, mais il est aussi salutaire pour l’économie nationale. En effet, sur les 1648 milliards de dollars que constitue le Produit Intérieur Brut (PIB) canadien, 34 milliards seraient dus à la vente et à l’achat de biens d’occasion, ce qui n’est pas du tout négligeable (Ducas, 2015, paragr. 7). Aussi, la majorité des biens de consommation courants découlent d’importations, comme par exemple les vêtements neufs, ce qui entraîne une sortie de capital du Canada vers l’étranger lors de l’achat de tels produits. Acheter des produits neufs encourage donc les économies extérieures, qui s’enrichissent alors, pendant que la nôtre se déprécie dû à la perte de revenus entraînée. Le tout s’inverse lorsque l’on achète des biens usagés. Comme de fait, puisque l’achat de biens usagés est constitué de transactions entres des acheteurs et des vendeurs locaux, la plupart du temps, l’argent reste à l’intérieur du territoire canadien et remplit donc les coffres de l’État. Si l’on compare les deux situations, bien que l’État fasse quelques bénéfices lors de l’achat par la population d’importations, il en fait davantage lors de l’achat de biens usagés puisque l’argent reste au pays (Ducas, 2015, paragr. 9). En évitant ces envolées de capital, en conservant l’argent au pays et en consommant des biens usagés, on encourage l’économie d’ici, tant sur le plan du PIB que de l’emploi. En outre, on compterait 300 000 emplois découlant de ce secteur d’activité (Ducas, 2015, paragr. 8).
Au goût du jour
Certains restent toutefois réticents, malgré bien des arguments, à consommer des biens usagés. Les craintes par rapport aux biens usagés sont infondées et peuvent facilement être dépassées, peu importe leur nature. Pour ceux dont les inquiétudes seraient de nature plus esthétique, qui craindraient que les articles soient vieillots, plusieurs réponses viennent résoudre ce dilemme. Premièrement, le vintage est totalement à la mode en ce moment, alors il n’existe aucune excuse pour ne pas acheter usagé. La fréquentation des friperies s’est démocratisée et, aujourd’hui, dire que votre outfit de l’été vient du Village des Valeurs ne peut vous amener que des compliments. Toutefois, pour les sceptiques, il est toujours possible de revaloriser vos achats de seconde main. Le mouvement du DIY ou Do It Yourself amène une multitude d’idées pour ramener au goût du jour des objets un peu obsolètes ou pour donner une deuxième vie à des articles dont vous croyiez que le sort en était jeté; il suffit d’ouvrir Pinterest pour être assailli de projets dont vous ne verrez même pas la fin. Finalement, si vous ne trouvez pas la fibre créative en vous, il est toujours possible de se tourner vers des entreprises locales qui se consacrent à la revalorisation ou à la récupération d’objets. Elles retaperont vos acquisitions et iront même jusqu’à transformer certains éléments pour leur donner des utilités jusqu’ici encore insoupçonnées. Enfin, peu importe vos goûts, il y a toujours une solution pour adopter l’achat usagé.
En terminant, l’achat de biens usagés est une action à poser de plus en plus fréquemment dû aux impacts positifs qu’il exerce tant sur le plan environnemental que financier. Il faut faire fi des préjugés que l’on pourrait avoir face à ce type de biens et faire du vintage une mode permanente. C’est peut-être en établissant cette nouvelle tendance sans limite de durée que l’on arrivera à contrer en partie, non seulement la consommation de masse, mais aussi la production immense de déchets qui ne cessent de s’accumuler, tant sur la terre que dans la mer et les airs.
Révisé par Catherine
Source: Ducas, I. (24 février 2015). Économie des biens d’occasion : 30 milliards dans l’économie canadienne. La Presse. Repéré à http://plus.lapresse.ca/screens/6754143a-ebfc-4ff4-8c45-4ddb94477166__7C___0.html
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