Ce n’était pas prévu. Laurence Deschamps-Léger, alias Laucolo, n’était pas une dessinatrice ni une artiste. Mais elle s’intéressait à l’alimentation et à l’agriculture. Ses expériences, sa formation et son parcours ont tranquillement pavé la voie à l’entrepreneuse-créatrice qui rayonne et fait rayonner l’agriculture locale.
Laurence a fait ses études en développement international, avec un focus sur la souveraineté alimentaire. Toutefois, elle réalise qu’elle souhaite travailler ici et non à l’étranger. « Je sentais que c’était chez nous, d’où je venais que je pouvais faire une différence et où je me sentais plus pertinente », explique-t-elle.
UN AVANT-GOÛT AUX FERMES LUFA
Son parcours se poursuit chez les Fermes Lufa où elle organise des événements et gère les communications. Un emploi riche en expériences et en apprentissages. Elle y côtoie le monde agroalimentaire avec lequel elle se sent à son aise. L’idée d’un calendrier des fruits et légumes de saison germe: « c’est là que j’ai commencé à avoir envie de créer des visuels qui pourraient à la fois attirer l’œil et être informatifs ». En quittant les Fermes Lufa, elle désire garder contact avec ce domaine. De là naît Laucolo, sa façon de parler de l’agro-alimentation.
LE DESSIN, UN PRÉTEXTE
« Pour moi, le dessin était un prétexte et une façon de parler d’agro-alimentation », raconte Laurence. À force de dessiner ses fruits et légumes, elle peaufine son talent d’illustratrice et au fil des contrats, avec différents acteurs du milieu agroalimentaire, elle plonge entièrement dans le domaine des arts visuels.
Pendant les deux premières années d’existence de Laucolo, Laurence travaille en parallèle dans un organisme à but non lucratif à temps plein. Le soir et les fins de semaine étaient consacrés à ses dessins avant qu’elle ne fasse le grand saut et se lance à temps plein.
Nous pouvons admirer son talent dans les magazines, les entreprises et les blogues, en plus de sa boutique en ligne. Elle parle, entre autres, de Caribou magazine, Prana bio et de plusieurs agricultrices-eurs locaux. Elle travaille autant avec des organismes que des entreprises du milieu de l’alimentation.
Avec les années, Laurence se consacre davantage à enrichir sa collection d’affiches botaniques, de cartes et de cahiers, toujours avec l’idée de célébrer la saisonnalité et la biodiversité de nos aliments.
Son magnifique calendrier des fruits et légumes de saison en est à sa huitième édition en 2022. « Les gens l’ont vraiment adopté », se réjouit-elle. « Pour moi, c’était une façon tangible de partager avec les gens le fait qu’à l’année, au Québec, il y a des fruits et légumes qui sont disponibles. Quand on va à l’épicerie, on devrait pas mal toujours être capable de trouver des patates du Québec et s’il n’y en a pas, on peut le demander à notre gérant d’épicerie. », explique-t-elle.
SAUVEGARDER NOTRE BIODIVERSITÉ
Son but est de parler de disponibilité, de produits de saison et de biodiversité. Ces affiches-là sont une façon, pour l’illustratrice, de faire connaître et d’encourager la biodiversité: « Les gens ont besoin d’être à la fois informés et inspirés. ».
En effet, « 75% de la biodiversité agroalimentaire mondiale a disparu dans les cent dernières années », c’est énorme! Laurence croit qu’il est primordial de prendre soin des 25% qu’il reste, de contribuer à recréer de nouvelles variétés adaptées à notre climat et de diversifier notre alimentation. « On mange environ dix plantes (le riz, le maïs, le soja, le canola, etc.), ça se résume à ça, c’est un peu plate », s’inquiète Laurence. Ces affiches-là, c’est une façon d’aborder les questions de biodiversité et de saisonnalité, de s’intéresser à nos aliments et d’en parler avec ses clients.
En parallèle à son travail d’illustration, Laurence s’implique depuis 2016 avec On Sème, un organisme qu’elle a cofondée avec son amie Sara Maranda-Gauvin et dont la mission est de contribuer au développement d’un système alimentaire juste et durable en plus de faire rayonner le travail des artisan-es et des producteur-rices locaux. Grâce à cette implication, Laurence a pu participer à l’organisation de marchés d’artisan-es locaux (Marché de mai et Marché de novembre). L’École du potager urbain, un programme mené par l’organisme et créé par sa collègue Sara, lui permet aussi de participer à du jardinage pédagogique à chaque été.
LES PROJETS DE LAUCOLO
À l’hiver 2018, Laurence a créé un concept de carnet « rêvé » dans lequel elle pouvait y noter des idées de recettes de base organisées par saison. Sa campagne de sociofinancement sur Ulule a été un grand succès puisque son objectif a été dépassé à 375%. Ce beau projet lui a permis de travailler différents aspects de l’entrepreneuriat puisqu’elle a géré la production du livre de a à z. En 2022, après avoir sondé les personnes utilisant la première version du carnet, elle a décidé de repartir en production pour créer une nouvelle édition. Si tout va bien il sortira quelque part au printemps, en même temps que les têtes de violon.
Inspirée par l’international – peu d’illustrateurs se concentrent sur l’illustration d’aliments au Québec – elle souhaite de plus en plus développer des outils visuels qui aident à naviguer la complexité des systèmes alimentaires.
Il est toujours étonnant et impressionnant de rencontrer une entrepreneuse, mais surtout une artiste, qui est arrivée là par hasard. Si l’art n’était pas une vocation, il est devenu un moyen de s’exprimer, puis un talent à exploiter. Laucolo nous permet d’admirer, de connaître et de comprendre notre culture agroalimentaire québécoise. Elle participe à son rayonnement et à notre éducation. Actrice du changement, elle nous donne envie de découvrir et de respecter nos terres.
Pour tout connaître de Laucolo, visitez sa fiche de membre.
Revisité en janvier 2022 par Ariane Lessard
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