L’alimentation locale, une question de culture

On a vu naître chez nous ces dernières années de nombreuses initiatives faisant la promotion de l’achat local. On commence de plus en plus à en entendre parler, de croiser des gens qui défendent cette philosophie. On doit par contre s’avouer que ce phénomène demeure nouveau. Il n’a pas encore d’enracinement. Je veux dire que ça ne fait pas partie de notre culture. Je ne sais pas pour vous, mais quand je repense à ma jeunesse, je n’y trouve aucune référence au «local». Jamais entendu parler de ça. Dans aucune sphère de consommation. La seule chose de locale sur toutes les lèvres à cette époque était le Canadien de Montréal. Ça, on en parlait! Et là encore a été la propriété d’un américain de 2001 à 2009… Et, on ne parlera pas de l’origine des joueurs ici, on laisse le débat à Ron…

Je ne m’étais jamais posé de questions à cette époque sur la provenance de mon KraftDiner… Quel enfant de toute façon se poserait la question « d’où provient mon kraft diner? Et le beurre et le lait que j’y ajoute? Et la saucisse à hot-dog pour le pimper?» Aucun enfant ne s’y attarde si les parents ne s’y attardent pas. Et c’est là le nerf de la guerre : l’éducation. L’achat local est une question de culture et la culture une question d’éducation. (Surtout, veuillez ne pas juger ma mère pour le kraft diner aux saucisses à hot dog, c’était délicieux! J)

L’exemple Vermontois

Encore aujourd’hui, nos façons de s’approvisionner à l’américaine en alimentation nous rendent la vie difficile pour l’achat local. Les grandes chaînes d’alimentation de par leur volume et leur logistique freinent énormément l’approvisionnement de produits locaux sains. C’est à nous, consommateurs, de changer nos réflexes et d’encourager les petits marchés. Pour se faire, nous pouvons ironiquement prendre exemple sur un état…. américain! Le Vermont. À seulement deux pas de chez nous, le « local food » y est omniprésent et accessible. Partout, on affiche le local, on le vante et le met en valeur. Les marchés fermiers regorgent de consommateurs avertis. Les citoyens savent trouver de bons produits locaux et connaissent les avantages qu’ils procurent : meilleurs au goût, meilleure valeur nutritive en plus de supporter l’économie locale. Ça fait partie de leur culture et ils la défendent.

L’impact économique

Une économie locale est un cycle exponentiel. Chaque dollar investi dans une entreprise locale génèrera automatiquement un réinvestissent de la part de cette entreprise dans l’économie locale, que ce soit par des salaires, de l’achat de matières premières, du transport ou des infrastructures. Je prends l’exemple qui suit qui résume bien tous les thèmes que j’aborde dans ce billet.

L’université du Vermont a démontré dans une étude que chaque dollar investi dans l’achat de nourriture locale par les écoles de l’état représente en réalité 1,60$ injecté dans l’économie locale. Une fructification de 60%! C’est un fromage de bon argument ça!

Faire l’effort aujourd’hui pour devenir le réflexe de demain

On doit avouer que chez nous on a encore beaucoup à faire afin de faire passer l’achat local de phénomène à mode de vie. Ça ne devrait pas représenter un effort, mais plutôt être un réflexe. Pour l’instant, les produits locaux d’alimentation ne sont pas tous facilement accessibles. On fait notre épicerie dans les grandes chaînes. Il nous faut plus encourager les petits marchés comme les marchés publics et consommer plus de produits locaux. Une nette augmentation de la demande fera automatiquement apparaître de nouveaux petits marchés plus près de nos résidences et donc, plus accessibles.

Nous devons travailler à faire de l’alimentation locale notre culture. Cette évolution doit aussi se faire par l’éducation de nos enfants. Amenons-les à se poser des questions sur la provenance de leur assiette afin qu’ils acquièrent le réflexe de l’approvisionnement local. On a tout ce qu’il faut au Québec : des produits de qualités faits par des artisans hors pairs.

Maintenant, à nous consommateurs, de mettre la main à la pâte afin d’influencer le marché et de créer la recette de notre culture locale!