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Réalités d'une «momtrepreneure» en 1990

Réalités d'une «momtrepreneure» en 1990

Depuis que je m’intéresse à l’entrepreneuriat, j’ai pu découvrir des personnes inspirantes et des entrepreneurs ayant des parcours extraordinaires. C’est fou tout ce qu’on peut apprendre en discutant avec des amis, des proches ou des membres de sa famille sur le sujet. Les modèles inspirants sont souvent plus près de nous qu’on le pense.

Récemment, je me suis mise à penser à l’entreprise qu’avait ma mère durant mon enfance.

C’était elle qui était derrière les vêtements Bibi Créations Enviro. Ma mère vendait entre autres dans les magasins Clément, Petit Bateau et dans les La Baie de l’est du Canada. Je crois que vous allez aimer son parcours et que cela en inspirera quelques-uns.
À ma manière, j’espère vous montrer l’importance d’acheter local et ses effets concrets dans nos vies. Un peu comme un ricochet sur l’eau, ce petit geste contribue à soutenir un écosystème économique et social de fournisseurs, de travailleurs et d’acteurs. En soutenant une entreprise, ce sont des personnes et des familles qui travaillent, vivent et rêvent.

Alors, voici l’histoire :

Au début des années 1990, ma mère était une jeune enseignante d’anglais au niveau secondaire. Le travail était rare et les heures irrégulières dans les commissions scolaires de Québec. Elle avait toujours aimé la mode et la couture, encore plus les vêtements pour enfants. Avoir sa petite business semblait une solution intéressante pour faire un peu plus d’argent. Cela lui permettrait de garder un horaire flexible pour l’école et pour s’occuper de sa famille. C’est ainsi que ma mère a débuté dans le garage en fabriquant des couches écologiques et des pyjamas qu’elle vendait à domicile. Ensuite, le mot a couru dans le quartier et elle a commencé à avoir des demandes spéciales.

Petit à petit, ma mère a ajouté de nouveaux produits : pyjamas, habits, sac à couches, linge de maternité, couvre-tout, couverture, costumes de baptême, etc. L’entreprise grandissait, elle développait sa signature et son style grâce à la passion, la créativité et la détermination de ma mère. Les clients appréciaient et reconnaissaient dans son travail toute la qualité et l’originalité de ses collections. Son atelier et son entrepôt ont fini par déborder dans le sous-sol quand les magasins et les boutiques ont voulu vendre ses créations.

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C’est dans cet univers de textiles et de vêtements qui a marqué mon enfance que:

Je me rappelle avoir dormi dans des rouleaux de tissu sous la table de montage et des poudings au caramel que me donnait notre couturière Lise.
Je me rappelle suivre ma mère chez les fournisseurs de tissus et être émerveillée par l’immensité des lieux.
Je me rappelle des catalogues de tissus colorés que je regardais comme un livre d’histoire illustré.
Je me rappelle les visites à l’usine de découpage, du bruit des machines et de la poussière moelleuse du tissu. Il y avait aussi cette odeur …indescriptible.
Je me rappelle les livraisons dans les La Baie et que je m’amusais à me cacher dans les étalages.
Je me rappelle des congés pédagogiques à écouter des cassettes, à dessiner ou à mettre des autocollants sur des cintres dans la salle des patrons.

Que de souvenirs…

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Lise, notre couturière

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Mes frères et moi en pyjama

Quand je suis rentré au primaire, la manufacture a déménagé dans le quartier industriel Saint-Malo à Québec. Jusqu’au début des années 2000, ma mère a continué à persévérer dans le développement de son entreprise. La manufacture a fonctionné jusqu’à ce que les conditions soient rendues trop difficiles. La mondialisation et les bouleversements de l’industrie textile ont balayé en premier de nombreuses entreprises de vêtements pour enfants. Pour ceux qui restaient, c’était souvent «Go China or go home!» afin de survivre. Avec 5 enfants et une deuxième carrière florissante en immobilier, ma mère s’est résignée à fermer boutique en 2006.

Oui, la fin de mon histoire est un peu triste. Il faut remettre les choses en contexte et être compréhensif lorsqu’on apprend la fermeture d’une entreprise. Se lancer en affaires n’est pas facile, cela demande beaucoup de travail, un peu de chance et bien des sacrifices. Sa situation n’était pas exceptionnelle et il aurait été difficile de lutter toute seule.

Cette histoire se répète partout, à tous les jours et dans tous les domaines. Un de mes professeurs nous avait dit qu’une entreprise sur 4 ne survivait pas à sa première année. Il faut en être conscient et l’accepter. D’où l’importance de soutenir et d’encourager les passionnés dans le succès de leur entreprise.

Au bout du compte, malgré la fermeture de son entreprise, ma mère a réussi à accomplir quelque chose d’extraordinaire. Pendant les meilleures années, ma mère aura fait travailler plus d’une vingtaine de personnes grâce à son travail. C’était nos couturières, nos vendeuses, livreurs et designer. Mais indirectement, ce sont les fournisseurs, les sous-traitants et les détaillants qui travaillaient grâce à elle.

C’est quand même impressionnant de voir ce qu’elle a pu accomplir en une douzaine d’année. C’était avant la démocratisation de l’Internet et sans les technologies, les outils et les réseaux sociaux que nous avons aujourd’hui. C’était aussi avant que l’entrepreneuriat ne soit tendance et que les femmes s’y intéressent pour leur carrière.

Pour ceux qui l’ont vécu, l’envisagent ou en ont été témoins, se lancer en affaire est un défi colossal. C’est pour cela qu’il faut rendre hommage à ceux qui le font.

Pour découvrir des portraits d’entrepreneurs québécois d’aujourd’hui, rendez-vous sur notre blogue dans la catégorie Au coeur de l’entreprise!

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