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DIY: le portrait d’un mouvement en ébullition

DIY: le portrait d’un mouvement en ébullition

Les loisirs créatifs sont en pleine expansion. Les jeunes tricotent, cousent, dessinent, font du scrapbooking, tissent, brodent, etc. Les 18 à 35 an ont un intérêt grandissant envers le fait à la main! Mais comment interpréter un tel mouvement, un tel fourmillement d’idées? L’article qui suit tentera de faire la lumière sur ce phénomène qui pourrait sembler à contre-courant avec la réalité sociétale.


D.I.Y. : trois lettres qui génèrent des millions d’épingles dans Pinterest. Un tout petit acronyme pour résumer un mouvement qui ne cesse de prendre de l’ampleur : le « Do It Yourself », ou, en français, le « faites-le vous même». La fabrication de macramés et de chandelles, la joaillerie, le tricot, la couture, la broderie, le tissage, et bien d’autres reviennent en force ces derniers temps. Alors qu’on considérait, il y a une ou deux décennies, que ces activités ne pouvaient être pratiquées que par nos grands-mères, c’est avec fascination que l’on assiste à une recrudescence de ces loisirs créatifs. Qu’est-ce qui explique l’évolution à vitesse grand V de ces disciplines? C’est avec humilité et modestie que je vous présenterai mes réflexions sur l’intérêt que développent les milléniaux envers le savoir-faire de nos ancêtres.

Origines

Bien que le D.I.Y. ait pris cette appellation tout récemment, son existence date de bien avant l’ère numérique. Les origines du D.I.Y sont multiples et s’entrecoupent pour former le mouvement qu’on connaît aujourd’hui. On retrouve d’abord le savoir-faire de nos ancêtres dont la subsistance ne dépendait que d’eux. En effet, leurs besoins primaires étaient comblés par le travail de leurs mains, avec lesquelles ils cuisinaient, construisaient, cousaient. Le contact avec l’artisanat autochtone a sans doute joué un rôle dans le développement du D.I.Y d’aujourd’hui, amenant de nouvelles techniques et compétences. Le tout s’est concrétisé avec le mouvement hippie, grâce auquel de nombreuses personnes ont commencé à s’intéresser au fait maison (Donfu, 2013 : paragr. 5-7). Pour les milléniaux, l’accès au web a changé de façon significative l’apprentissage de ces techniques plus ou moins ancestrales. Apprendre les métiers d’art est aujourd’hui accessible à tous, que ce soit par le biais de cours en ligne, de tutoriels ou par la multiplication des groupes Facebook créés pour partager des astuces de bricolage. L’art s’est démocratisé et c’est entre autres grâce à ce processus que le phénomène a pris cette ampleur (Eigenmann, 2018 : paragr. 4).

Motivations de la création

Mais pourquoi un tel courant génère- t-il autant d’adeptes? Le tout pourrait être dû au mode de vie prôné par la société. En effet, dans ce monde qui va trop vite, où la surconsommation est reine et où le temps pour soi est une denrée rare, plusieurs individus se tournent vers le fait à la main dans l’espoir de se retrouver et de ralentir. Pour certains, les loisirs créatifs sont l’occasion de vaincre cette incapacité à produire soi-même et ainsi tenir tête aux industries de ce monde. C’est par désir d’indépendance et de liberté qu’ils choisissent de créer par eux-mêmes (Eigenmann, 2018 : paragr. 1, 3 et 9). Pour d’autres, c’est par souci environnemental que le D.I.Y. s’est intégré dans leur vie, pour produire uniquement l’essentiel, ce dont ils ont véritablement besoin (Eigenmann, 2018 : paragr. 5-7). À cela s’ajoute des considérations financières. Être à la fois producteur et consommateur réduit considérablement les intermédiaires et le coût. De plus, la durabilité des produits est accrue, ce qui met un frein à la roue de la surconsommation (Eigenmann, 2018 : paragr. 2). Peu importe ce qui motive les nouveaux créateurs, tous sont liés par ces désirs communs : révolutionner le mode de consommation, revoir la production des articles du quotidien, se distancier du rythme du monde actuel et résister à l’idéal de surconsommation prôné par le milieu de l’industrie.

Signification du geste

Produire soi-même les articles du quotidien ou réaliser ses propres créations à la maison est, consciemment ou non, un cri du cœur et une petite rébellion. Il s’agit d’un geste, d’une action citoyenne, à portée politique, économique et sociale, qui vise à changer le modèle sur lequel est basée la production. Refuser d’acheter un article fabriqué outremer et préférer le faire soi-même, c’est s’opposer aux conditions inhumaines de cette productions et à la destruction de notre environnement. Tricoter un mercredi soir dans son salon, raccommoder un pantalon déchiré ou fabriquer une paire de boucles d’oreilles pour une soirée est un petit acte de revendication.

En bref, le mouvement D.I.Y. est plus qu’un rassemblement d’hippies modernes et de granolas hipsters. Le mouvement D.I.Y. est un courant de ressourcement, d’introspection, de redéfinition de sa place dans le cycle de production industrielle. Nous avons, en tant que collectivité, un impact sur le mode de consommation. Un de ces choix est le mouvement D.I.Y.; c’est-à-dire celui d’honorer le travail des matriarches et patriarches de nos familles, de raviver la flamme des centaines d’artisans nous ayant précédés, de défier la production à la chaîne, de refuser d’aliéner l’homme à la machine, de produire soi-même le monde que nous désirons.

Révisé par Mélanie

Bibliographie

Donfu, É. (20 novembre 2013). DIY : tant de gens se reconnaissent dans ces trois lettres. Le Monde. Repéré à https://www.lemonde.fr/vous/article/2013/11/19/diy-tant-de-gens-se-reconnaissent-dans-ces-trois-lettres_3516152_3238.html

Eigenmann, J. (15 janvier 2018). Le mouvement Do it yourself ou le grand retour des débrouillards. Le Temps. Repéré à https://www.letemps.ch/societe/mouvement-do-it-yourself-grand-retour-debrouillards

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